Qu’est-ce que la réforme de l’audiovisuel public implique pour la création d’une holding et la fusion de plusieurs médias ?

réforme de l'audiovisuel public

Plongeons au cœur de la réforme de l’audiovisuel public pour dévoiler comment la création d’une holding et la fusion des médias vont révolutionner le paysage médiatique. Décryptage des enjeux majeurs à venir !

Actuellement en débat à l’Assemblée nationale, la proposition de loi « relative à la réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle » risque de transformer profondément le paysage médiatique français. Adopté en première lecture par le Sénat en juin 2023, le texte impulsé par Laurent Lafon et soutenu par la ministre de la Culture Rachida Dati propose un vaste projet de fusion qui s’étendra sur plusieurs années. Mais qu’implique réellement cette réforme ? Et quels seront ses impacts sur les acteurs du secteur ?

Un projet de fusion en deux étapes

La réforme prévoit un « rapprochement en deux étapes » des principales entités de l’audiovisuel public. En premier lieu, il s’agit de créer une société holding, nommée « France Médias, » à compter du 1er janvier 2025. Cette structure regroupera France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (qui inclut France 24, RFI, et Monte Carlo Doualiya) et l’INA.

La deuxième étape, prévue pour le 1er janvier 2026, consistera en une fusion où toutes ces entités deviendront des filiales au sein de la société mère France Médias. La nomination du PDG de cette holding sera faite par l’Arcom pour un mandat de cinq ans.

Pourquoi cette réforme est-elle nécessaire ?

La ministre de la Culture, Rachida Dati, affirme que la réforme est indispensable pour faire face à la concurrence des plateformes internationales. Avant la fin du mandat de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, en 2025, il est crucial de constituer un « pôle puissant ». L’objectif est de créer une BBC à la française, capable de proposer une offre plus riche et mieux mise en avant sur tous les canaux de diffusion.

Le projet vise à centraliser les forces pour « gagner en puissance et en synergie ». Cette approche devrait permettre une meilleure coordination entre télévision, radio et numérique, renforçant l’impact de l’audiovisuel public dans un contexte médiatique de plus en plus fragmenté.

Réactions et oppositions

Malgré les ambitions du gouvernement, certaines voix contestent la réforme. Les syndicats de Radio France, par exemple, sont fortement opposés à toute forme de fusion et ont appelé à la grève les 23 et 24 mai prochains. Ils craignent que cette initiative n’entraîne des coûts supplémentaires, souvent associés aux fusions.

Selon le député PS Iñaki Echaniz, un audiovisuel public fort, indépendant et de qualité nécessite des moyens adéquats. Il s’inquiète des investissements colossaux que la réforme exigerait, tout en traversant une crise de l’information.

Un enjeu financier

Un amendement gouvernemental provoque également des remous parmi les acteurs privés. Il propose de déplafonner les recettes publicitaires de l’audiovisuel public, afin de permettre une meilleure exploitation des recettes. Cependant, il ne remettrait pas en cause l’interdiction des publicités sur France Télé après 20H00.

« C’est un enjeu de financement, » a souligné le député Quentin Bataillon. Ce mécanisme est vu comme un moyen d’assurer un financement plus solide pour l’audiovisuel public, tout en diversifiant les sources de revenus.

Implications stratégiques pour les acteurs du secteur

Pour les responsables des différentes sociétés concernées, cette réforme représente une opportunité de modernisation et de synergie. En regroupant les ressources sous une même entité, il sera plus facile de lancer des projets multiformats, d’innover et de mieux s’adapter aux attentes des consommateurs.

Les synergies attendues pourraient permettre aux différents médias de partager des contenus exclusifs, de mutualiser les infrastructures techniques et d’optimiser la gestion administrative. Cela encouragerait par conséquent une plus grande économie d’échelle.

Cependant, pour que la réforme soit un succès, il sera crucial d’assurer une bonne transition organisationnelle et de gérer efficacement les éventuelles résistances internes et les coûts additionnels engendrés par une réorganisation d’une telle envergure.

Ainsi, la proposition de loi « relative à la réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle » ouvre la voie à une transformation ambitieuse du paysage audiovisuel en France. Qu’elle soit bien accueillie ou sujette à controverses, cette réforme ne laissera assurément personne indifférent.